Et La Baule, dis, c’est comment?
Par Camille et Ange Yeye-Monsini
Appelés par le Réseau Faire à cheval, on part faire un reportage pour interviewer Laurent LEGAL que ne connaissons pas encore. En tant que prestataire, il est missionné cet été pour tester le ramassage d’emballages carton dans une artère commerçante de La Baule.
Nous arrivons sur le dernier jour de la collecte test, qui a été mise en place durant deux mois.
Aux services techniques, Camille a préparé les chevaux avec Laurent, elle est embauchée par ce dernier pour la période estivale afin de le seconder comme groom et cocher/meneur. Camille est en formation, elle a découvert l’attelage en ville auprès de Laurent. Les rippers Mélody et Franck ont pris place à l’arrière de la benne, ils font partie de l’équipe de la collecte et sont salariés à l’association d’insertion, ACCÈS-REAGIS.
Je prends place aux côté des meneurs : Laurent et Camille, l’interview se passera sur le trajet aller depuis les services techniques jusqu’au lieu de collecte : l’avenue De Gaulle. C’est une avenue très fréquentée et commerçante, qui débouche sur le front de mer. Allez, c’est parti, on quitte les services techniques…
Clop, clop, clop, clop, clop, clop, le pas du cheval rythme notre interview…
Tu nous présentes ton équipe ?
Il y a Camille, groom et cocher/meneur, elle débute en ville, c’est une très bonne expérience pour appréhender le métier. Melody et Franck sont rippers, ils travaillent sur des chantiers d’entretiens espace verts et là, ils sont volontaires sur la collecte. On travaille régulièrement ensemble, le projet de nettoyage des plages a été monté ensemble à La Turballe . Ils sont spécialisés dans l’entretien des espaces naturels sensibles dans la région, ils dépendent de l’antenne de Guérande (il y a plusieurs antennes).
C’est le type d’entreprise qui dit : « On va mettre le cheval sur tel chantier parce que ça va nous simplifier la tâche, ça va être plus performant ». C’est chouette, parce qu’avec le cheval cela crée une ambiance plus sympathique pour les salariés.
Cela crée d’autant plus de mailles sur le territoire car les salariés rippers sont issus du réseau local. Le cheval aussi devant nous fait partie de l’équipe ! Sans lui, on serait bien peu de choses ! C’est Vilnius, un percheron, de dix ans, un vrai bon cheval pour la ville.
Comment s’est passé votre premier jour de collecte à La Baule ?
Tout le monde découvrait, le cheval et nous, on est arrivés sur la pointe des pieds. Il y a toujours un peu de stress, car il y a vraiment de l’enjeu sur ces expériences-là. Pour nous, ça s’est bien passé. Le cheval, il a fallu lui expliquer deux trois trucs, et la deuxième journée, il avait pigé, car il y a de très longs temps d’arrêt. On se rend compte que, sur ce type de collecte, le cheval est adapté. Quand le gisement est rapproché, le cheval est très performant . L’avenue de Gaulle fait 600 mètres, cela parait peu, mais c’est malgré tout en moyenne 10 m3 de volume collecté par jour ! Là, le cheval peut facilement remplacer un engin à moteur, parce qu’il n’y a pas de distance. La zone de déchargement est très proche du lieu de collecte, avec une reprise camion. Tout cela à été bien étudié en amont, c’est ce qui fait la réussite des projets. Il faut positionner le cheval, là où il est performant !
C’est une entreprise extérieure qui a fait l’étude, ou c’est un groupe de travail du Réseau Faire à Cheval ?
Un élu de La Baule a contacté le Réseau « Faire à Cheval », j’ai été appelé car j’étais le prestataire le plus proche sur la zone. On s’est réunis, les idées ont été jetées en vrac, après il a fallu trouver des solutions. Cela a été rapide ! Tout le monde a répondu présent. Les services techniques concernés étaient là et en deux réunions le projet à été monté !
Il y a des ajustements à faire bien sûr, des choses sont à améliorer si c’est reconduit. En tout cas sur la phase de test, on a démontré que cela pouvait vraiment fonctionner. Le point qui m’interrogeait le plus au départ, c’était de gêner la circulation. Ici le trafic est très dense, mais il s’avère que le trafic dans la rue est déjà pas mal ralenti, la rue est en sens unique. Finalement il y a pas mal de rue perpendiculaires sur lesquelles on arrive à se garer pour fluidifier le trafic.
Vous collectez 10 mètres cube… La benne semble toute petite, comment faites-vous ?
La benne fait 3,5 m3, prêtée par la commune de Rennes pour la période du test. Cela nous fait quasiment trois remplissages par journée de collecte. Nous avons un point de décharge dans une rue annexe, un compacteur destiné au public qui reçoit le carton, un agent nous attend là-bas pour nous aider à insérer tous les cartons dans le compacteur, il est destiné au public donc l’ouverture est toute petite, c’est une amélioration à faire si nous continuons, trouver un conteneur qui absorbe un gros volume pour gagner du temps, puisque la remorque est basculante.
Les rippers ont été efficaces ils savent se mobiliser quand il faut, si il y a des voitures, ils vont plus vite pour ramasser les cartons.
Les commerçants ont-ils joué le jeu avec le ramassage des cartons?
Ça a été fabuleux ! Les commerçants ont vraiment participé. La consigne, c’était de mettre les cartons à plat, pas de plastique, pas de polystyrène. Cela a très bien fonctionné, c’est un vrai service rendu, une collecte porte à porte qui leur fait gagner du temps, lorsque que ceux-ci sont en haute saison dans leurs activités.
Mais il y a aussi un côté sympa pour les promeneurs de voir un cheval travailler. Quand on dit que cela crée du lien, il faut venir le voir pour s’en rendre compte ! Ça sort, ça s’arrête, ça papote, ça discute, ça prend des photos… En blaguant, je disais : c’est le selfie de l’été ! Le cheval a été photographié je ne sais combien de fois… Cela, on le sait, pour nous cocher/meneur c’est notre quotidien… Cela apporte une autre ambiance dans la ville. Le bilan est positif pour tous.
Nous avons interviewé Mélody, rippeuse sur la collecte
Travailles-tu pour l’association d’insertion Accès-Réagis ?
Oui, je suis salariée en CDD d’insertion, j’y travaille depuis avril 2019. Je suis agent d’entretien d’espace naturel. Au sein d’Accès-Réagis, il y a plusieurs équipes assignés à différents chantiers.
Comment as-tu travaillé en tant que rippeuse sur le chantier de collecte avec les chevaux, on te l’a proposé, tu étais volontaire ?
Cela fait longtemps que cela existe au sein d’Accès-Réagis, Laurent travaille avec eux depuis un bon moment. Certains chantiers ne sont pas accessibles avec des machines, par exemple : l’arrachage de certaines plantes, ou évacuer des déchets suite au passage de la débroussailleuse sur les chemins de randonnée. Dans ce cas le cheval est très utile, ce sont des chevaux de traits, de belles bêtes pour porter les charges, emmener d’un point A à un point B, évacuer les végétaux ou faire de l’arrachage de souches d’arbre par exemple.
Avais-tu déjà travaillé avec Laurent sur ce type de chantier ?
Oui, sur deux chantiers différents : l’arrachage des baccharis, une plante invasive, que l’on trouve sur la presqu’île de Guérande. Nous remplissons de gros sacs plastiques, nous les mettons sur la remorque et le cheval les emmène. Si nous devions les porter à pied sur plusieurs centaines de mètres, ce serait éreintant et le chantier serait beaucoup plus long.
Sur la collecte de carton à La Baule, il y avait un poste vacant. J’aime les chevaux, cela ne me fait pas peur. C’est une expérience que j’ai adorée. Discuter et avoir un contact avec les commerçants les passants, toute l’expérience m’a plue.
Avez-vous eu un bon accueil ?
Bien souvent les gens en voiture n’apprécient pas, et ils sont impatients. Les commerçants, eux, ont adoré et ils nous ont remerciés.
Pour le futur, tu t’engagerais pour faire d’autres chantiers avec les chevaux?
Moi ça me stimule, je suis prête à retravailler avec eux !
Au fil de la collecte, nous sommes allés glaner quelques commentaires des commerçants. Certains, en sortant leurs cartons sur le trottoir, viennent caresser Vilnius, lui dire au revoir ainsi qu’a ses coéquipiers.
« Merci pour ce travail, nous en sommes ravies ! Le personnel a été si agréable et gentil ! On espère que le service va se pérenniser et recommencer l’an prochain ! »
Boutique Marbella
« Le bilan est super positif pour nous ! On espère que le service va se maintenir l’an prochain. »
Commerçant anonyme
« C’est un super service rendu ! C’est vraiment très bien, une très bonne idée, c’est écolo, l’équipe il sont tous super gentils, rien à redire, je voudrais ce service toutes les semaines, deux fois par semaine ! »
Commerçant anonyme
L’équipe termine sa collecte, passe devant le front de mer, certains agents nous quittent ici, juste le temps pour une photo souvenir, car c’est le dernier jour de la saison. Puis, l’équipage retourne tranquillement aux services techniques…
Vilnius et son jeune collègue percheron ont été accueillis tout l’été dans un parc au sein des services techniques de La Baule, ils vont rentrer ce soir chez Laurent.
Le 08/09/2019, Camille et Ange Yeye Monsini pour le Réseau « Faire-à-Cheval »
Un petit mot sur nous, Ange et Camille Yeye Monsini, porteurs de projets culturels en traction animale, nous aimons partir à la rencontre de prestataires, voir et retranscrire des expériences afin de favoriser le développement des activités en attelage, renforcer la visibilité des projets, afin que toute une communauté en profite. Un vieil adage africain dit : Si tu veux aller vite, va seul ! Si tu veux aller loin, allons-y ensemble …
https://okidonkey-lab-faire-arts-chevaux.com/okidonkey-lab-cest-quoi/
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